La désobéissance

Introduction à

L'expérience de Stanley Milgram à l'Université de Yale

AGRESSIVITE OU OBElSSANCE ? (extrait de 'Obéissant jusqu'à la mort' G. Vandegaart


Dans le langage courant, l'agressivité est souvent associée sinon confondue avec la violence. Ce n'est certes pas le cas de l'obéissance, qu'on aurait plutôt tendance à considérer comme un facteur de paix. Or, en regardant les choses de plus près, on pourra constater que l'obéissance, cet élément fondamental de l'édifice social "a inspiré plus de crimes horribles que la rébellion" (C.P. Snow).


L'étude de Stanley Milgram me paraît ouvrir une piste très fructueuse car elle analyse  le comportement humain au sein même de l'organisation sociale.

SCHEMA DE BASE DE L'EXPERIENCE

"Deux personnes viennent dans un laboratoire de psychologie qui organise (soi-disant) une enquête sur la mémoire et l'apprentissage. L'une d'elles sera le "moniteur", l'autre l'"élève". L'expérimentateur leur explique qu'il s'agit d'étudier les effets de la punition sur le processus d'apprentissage. Il emmène l'élève dans une pièce, l'installe sur une chaise munie de sangle qui permettent de lui immobiliser les bras pour empêcher tout mouvement désordonné et lui fixe une électrode au poignet. Il lui dit alors qu'il va avoir à apprendre une liste de couples de mots ; toutes les erreurs qu'il commettra seront sanctionnées par des décharges électriques d'intensité croissante.


Le véritable sujet de l'expérience, c'est le moniteur. Après avoir assisté à l'installation  de l'élève, il est introduit dans la salle principale du laboratoire où il prend place devant un  important simulateur de chocs. Celui-ci comporte une rangée horizontale de 30 manettes qui  s'échelonnent de 15 à 450 volts et sont assorties de mentions allant de CHOC LEGER à ATTENTION : CHOC DANGEREUX. On invite alors le moniteur à faire passer le test  d'apprentissage à l'élève qui se trouve dans l'autre pièce. Quand celui-ci répondra correctement, le moniteur passera au couple de mots suivants. Dans le cas contraire, il devra lui administrer une décharge électrique en commençant par le voltage le plus faible (15 volts) et en augmentant progressivement d'un niveau à chaque erreur (30 volts, 45 volts, ainsi de suite).

Le moniteur est un sujet absolument "naïf', venu au laboratoire pour participer à une expérience. Par contre l'élève, ou victime, est un acteur qui ne reçoit en réalité aucune décharge électrique.

L'expérience a pour objet de découvrir jusqu'à quel point un individu peut pousser la docilité dans une situation concrète et mesurable où il reçoit l'ordre d'infliger un châtiment de plus en plus sévère à une victime qui proteste énergiquement. A quel instant précis le sujet refusera-t-il d'obéir à l'expérimentateur ?


A 75 volts, il gémit. A 120 volts, il formule ses plaintes en phrases distinctes. A 150 volts, il supplie qu'on le libère. A mesure que

Lorsque, en février 1956, Krouchtchev prononça sa célèbre dénonciation de l'ère stalinienne et de ses crimes, une voix s'écria dans le fond de la Salle du Congrès : "Où étiez-vous, Monsieur Krouchtchev, quand on assassinait tous ces innocents ?"


Krouchtchev s'arrêta et regarda longuement l'Assemblée : "Celui qui a dit cela, aurait-il l'obligeance de se lever ?" Dans la salle, la tension montait. Personne ne se leva.


Krouchtchev reprit alors : "Qui que vous soyez, vous connaissez maintenant la réponse. Je me trouvais dans votre situatIon actuelle, ... au minimum".


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Sans cri ni bruit, mais en vérité et humilité, Jésus. lui, se serait levé...

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L'homme qui ne s'est jamais levé, risque de manquer de quelque chose... une finition. une maturité, une naissance. Est-il vraiment possible de découvrir les Droits de l'Homme et les exigences absolues de la Conscience humaine sans avoir - une seule fois dans sa vie - dit "non" au Pouvoir. Sans cette contestation, cette insoumission aux normes sociétaires - fort semblable au défi du petit David face à Goliath -, sans cette rébellion sereine mais ferme, le danger est grand de passer toute sa vie à dire oui, et encore oui, et toujours oui... comme le chameau qui travaille, porte de lourds fardeaux sur de longues distances et obéit sans réplique.


Non, la liberté ne s'achète pas toute faite, au self-service d'un Club Méditerranée. Elle s'acquiert par la pratique, se construit jour après jour...

Gérer son temps, vivre sa vie en maître et non en esclave exige toujours un effort, un apprentissage exigeant, la non-peur de la solitude.


J.P. MOLS, sj

La suite pour bientôt ....