Chrysalide

CHRYSALIS : Entre Chenille et Papillon


J'ai passé des heures à observer les insectes (et entre autres, les chenilles).

Vous en avez dèjà vu aussi.

Comment étaient-elles ? Rappelez-vous, repensez-y, imaginez.


Voici cette chenille. Elle est née, elle vit, elle fait ... ce qu'elle a à faire.

c'est-à-dire que : elle rampe, elle reste collée au sol ou sur sa branche (sauf quand elle en tombe).

Souvent sa parure est de couleur terne. Et même si elle est belle, elle n'a que la beauté d'une chenille (n'est-ce pas Mesdames ?)

Elle mange. Beaucoup, goulûment. Elle vieillit. Elle meurt.

ou plutôt, elle se sent mourir. Son corps s'engourdit de plus en plus. Son esprit se trouble. Elle se raidit, se durcit, finit... "C'est la mort !"

Elle pense que tout est fini. Triste vie que celle de la chenille.


Mais parfois rapidement, parfois lentement, il se passe quelque chose qu'elle n'est pas capable d'imaginer ni de comprendre.


Ici je voudrais intercaler un texte de François Varillon (peut-être un peu compliqué mais je le trouve assez amusant) :

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Chenille qui devient papillon


Le papillon n'est pas une grosse chenille, car la croissance n'est jamais un grossissement. Mais si la chenille avait une conscience et si je pouvais lui parler, comme dans un conte de fées, je lui demanderais quel est son rêve. Elle me répondrait, sans doute, de façon mythique, qu'elle aimerait être la plus grosse des chenilles de la forêt, la reine, l'impératrice des chenilles, celle qui, à cause de sa taille et de son poids, régnerait sur toutes les autres chenilles de la forêt.

On appelle cela la volonté de puissance, ce n'est pas autre chose que l'amplification de ce que l'on est, sans transformation. La chenille ne sait pas que, pour devenir ce qu'elle doit être, il faut qu'elle dépouille son corps de chenille et qu'un corps nouveau lui soit donné. Car si elle existe, c'est pour devenir un papillon, telle est sa vocation. Ce n'est que lorsqu'elle sera devenue papillon qu'elle sera vraiment ce qu'elle doit être.


"Joie de Croire, Joie de Vivre", VARILLON (/Centurion)

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Etre l'impératrice des chenilles, la plus grosse et la plus lourde... le Rêve !

Cette soif de puissance, je trouve ça très 'humain'. D'ailleurs ça me fait tout de suite penser à plusieurs personnes que je connais. Pas vous ?

Ce patron d'entreprise jamais rassasié, ce policier qui fait de l'excès de zèle, ce professeur complexé qui profite de son autorité...

Remarquez qu'il est facile de trouver des exemples autour de soi, mais que l'on évite soigneusement de se regarder soi-même...


Mais revenons à notre chenille momifiée. Ce qui va sortir du sarcophage n'a rien de commun avec la mort ni avec la vie 'd'avant'.


Elle entre dans une autre Vie, ... de joies, de couleurs, d'espaces.

Ses anciennes limites ont disparu. Elle s'envole. (elle ne doit plus ramper pour aller d'une branche à l'autre)

Son corps est transfiguré (je défie quiconque de me trouver des ressemblances entre une chenille et un papillon. Autant comparer un ver de terre et un colibri)

Sa beauté est sans comparaison avec ce qu'elle a été. Jamais elle n'aurait pu espérer, ni imaginer, ni même comprendre...

Elle qui rêvait d'être la plus lourde...


Cette vision des choses est un peu enfantine. (l'enfant aime rêver)

L'adulte, lui, est bien plus réaliste et sérieux. Il sait ce qui est vrai,

il croit ce qu'il voit, il a des rêves à sa mesure : être le plus grand...

Il n'est de toutes manières pas capable d'imaginer ni de comprendre autre chose.


Quel est ton rêve ?